Retour sur les journées techniques organisées par la DRAAF et INRAE

Dans le cadre de la déclinaison régionale du plan EcophytoII+, la DRAAF et INRAE ont co-organisé deux journées techniques – le 29 janvier au lycée agricole d’Auxerre-La-Brosse et le 4 février au lycée agricole de Dannemarie-sur-Crête – sur le thème :
« Systèmes agricoles de grandes cultures et transition agroécologique à bas niveau de produits phytos, notamment d’herbicides : résultats de projets de recherche, témoignages et échanges »

Pour chacune des journées, la matinée était consacrée à la présentation de résultats de recherche.
Damien Derrouch, doctorant à l’UMR Agroécologie d’INRAE Dijon, a exposé les résultats d’une enquête nationale auprès de 425 agriculteurs, s’intéressant aux leviers de gestion de la flore adventice avant l’entrée en système de Semis Direct Sous Couvert (SDSC), dans les premières années de SDSC jusqu’à la maîtrise du système (143 agriculteurs/425 considèrent que leur système est maîtrisé). Le SDSC au sens strict – également dénommé agriculture de conservation des sols - repose sur 3 piliers : arrêt de tout travail du sol, couverture permanente des sols et allongement des rotations. L’étude montre que, dans les premières années de SDSC, l’arrêt de tout travail du sol (notamment labour, déchaumage, faux semis, désherbage mécanique) conduit à renforcer d’autres leviers comme l’alternance des périodes de semis et l’utilisation du désherbage chimique (glyphosate). Ceci rejoint la question complexe de la sortie du glyphosate pour les systèmes en SDSC strict. Damien Derrouch a ensuite présenté les résultats de sa campagne de relevé de flore 2018-2019 sur 176 parcelles en SDSC (chez 61 agriculteurs).
Le 29 janvier, la présentation de Damien Derrouch a été suivie d’une présentation de Lionel Alletto – chercheur associé à INRAE UMR agroécologies, innovations, territoires - sur les liens complexes entre pratiques agricoles, fonctionnement hydrique des sols et devenir des produits phytosanitaires dans l’environnement. Cette présentation a permis de montrer que les processus intervenant dans le devenir environnemental des phytos sont nombreux, complexes et en interrelations fortes. Certaines pratiques peuvent permettre de limiter la fuite dans l’environnement et favoriser la dégradation des phytos (notamment la couverture des sols), mais ne sont pas suffisantes à elles seules pour atteindre les objectifs de qualité de l’eau : la réduction de l’utilisation des produits phytos reste le levier fondamental pour améliorer la qualité de l’eau.
Le 4 février, la présentation de Damien Derrouch a été suivie d’une présentation de Laura Vincent-Caboud et Joséphine Peigné de l’ISARA de Lyon intitulée « l’agriculture de conservation en bio, utopie ou réalité ? les principaux enseignements de 15 ans de recherche sur l’agriculture de conservation en AB ». La technique du semis direct sous couvert roulé sans herbicide (sujet de thèse de Laura Vincent-Caboud) a notamment été présentée : des essais annuels sur 11 parcelles ont été réalisés et sont concluants. La poursuite de cette étude par l’inclusion de cette technique dans le cadre d’une rotation culturale est envisagée.

Une après-midi était également organisée le 4 février, dont l’objectif était de laisser la parole à des agriculteurs engagés dans des collectifs DEPHY/30 000/GIEE (collectifs accompagnés dans le cadre du plan Ecophyto II+, qui mettent en place des pratiques innovantes permettant de réduire l’utilisation des produits phytos), afin qu’ils expliquent leurs démarches et les leviers mis en œuvre sur leurs exploitations pour s’engager dans la transition agroécologique à bas niveau de phytos. 4 agriculteurs représentant 3 groupes (DEPHY Jura, DEPHY Haute-Saône et groupe 30 000 T-Sols), accompagnés de leur animateur, se sont ainsi succédés durant la demi-journée.

Ainsi, de nombreux acteurs du monde agricole en région étaient représentés au cours de ces deux journées : chercheurs, agriculteurs, techniciens de chambres et de coopératives, et agents de l’Etat étaient réunis dans un même lieu afin de partager connaissances et expériences. Une quarantaine de personnes étaient présentes lors de la matinée du 29 janvier, et environ 80 personnes ont assisté à la journée du 4 février.


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