Impacts sur la santé

La nocivité des produits phytopharmaceutiques pour la santé des agriculteurs n’est plus mise en doute mais l’expertise reste complexe. De nombreuses études médicales ont été réalisées. Elles donnent des éléments mais de nombreuses questions subsistent car les relations sont complexes et multifactorielles. Le rapport "Produits phytopharmaceutiques : effets sur la santé" de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) publié en juin 2013 est aujourd’hui la source la plus détaillée à ce sujet.

Les intoxications aigües :
Lors de l’application de produits phytopharmaceutiques, les agriculteurs peuvent ressentir des symptômes dus à une intoxication aigüe au produit (irritations, démangeaisons cutanées, maux de têtes, gênes respiratoires...). La MSA a mis en place un numéro vert qui permet de signaler ces symptômes à un toxicologue de manière anonyme. Si vous êtes agriculteur et que vous souhaitez signaler une intoxication après usage d’un produit phytopharmaceutique, vous pouvez prendre contact directement avec l’équipe Phyt’attitude de votre MSA ou avec le médecin du travail et le conseiller en prévention de votre secteur, ou composer le numéro vert 0 800 887 887 pour être mis en relation avec un membre de l’équipe Phyt’Attitude de votre MSA. Vous conviendrez ensemble d’un rendez-vous pour discuter ensemble de toutes les circonstances de l’intoxication dont vous avez été victime. Après l’expertise, vous saurez si le produit que vous avez employé est à l’origine de vos symptômes. Si vous avez été victime d’un incident matériel, d’une projection accidentelle, ce sera aussi l’occasion de bénéficier de conseils de prévention personnalisés sur vos chantiers de traitement. Vous recevrez également une information sur les risques encourus.

Phyt’attitude permet aussi de réaliser un recensement des incidents pour faire évoluer les compositions des produits de demain ainsi que des matériels de pulvérisation.

Les effets à long terme :

Voici quelques conclusions de l’étude INSERM :

  • Produits phytopharmaceutiques et cancers :
    D’après les données de la littérature, une augmentation du risque de développer un cancer de la prostate existe chez les agriculteurs, les ouvriers d’usine de production de produits phytopharmaceutiques et les populations rurales (entre 12 et 28% selon les populations). Quelques matières actives ont été spécifiquement documentées : chlordécone, carbofuran, coumaphos, fonofos, perméthrine. Toutes sont actuellement interdites d’usage.

D’après les données de la littérature, une augmentation de risque de lymphomes non hodgkinien et de myélomes multiples existe chez les professionnels exposés aux produits phytopharmaceutiques. Les organophosphorés et certains organochlorés (lindane, DDT) sont suspectés. Un excès de risque de leucémies ne peut être écarté. Concernant les autres localisations cancéreuses étudiées, l’analyse de l’ensemble des études reste difficile.

  • Produits phytopharmaceutiques et maladies dégénératives :
    Une augmentation du risque de développer une maladie de Parkinson a été observée chez les personnes exposées professionnellement aux produits phytopharmaceutiques. Un lien a pu être mis en évidence notamment lors d’une exposition aux insecticides et herbicides. Cette maladie fait partie des maladies professionnelles reconnues liées aux produits phytopharmaceutiques depuis le décret du 04/12/2012. Pour les autres maladies neuro-dégénératives, les résultats sont plus contrastés. Par exemple, dans le cas de la maladie d’Alzheimer, les résultats des études de cohortes sont convergents pour révéler un excès de risque cependant les études cas -témoins sont peu robustes. Quant à la sclérose latérale amyotrophique, trop peu d’études sont disponibles pour conclure.
    Par ailleurs, plusieurs revues scientifiques et une méta-analyse récente concluent à un effet délétère des expositions professionnelles aux produits phytopharmaceutiques, notamment aux organophosphorés, sur le fonctionnement cognitif. Cet effet serait plus important en cas d’antécédents d’intoxication aigüe.
  • La question des mélanges de produits phytopharmaceutiques
    Les populations sont exposées de façon permanente et à faible dose aux produits phytopharmaceutiques et à de nombreuses autres substances contaminant l’environnement. Ces mélanges pourraient donner lieu à des impacts sanitaires difficilement prévisibles actuellement, ce qui fait de la question des mélanges et des faibles doses un des enjeux importants de la recherche et de l’évaluation des dangers.
    Les experts rappellent que "ne pas être en mesure de conclure ne veut pas dire obligatoirement qu’il n’y a pas de risque". Si certaines substances sont mises en cause, c’est qu’elles ont été plus souvent étudiées que d’autres ; de nombreuses substances actives n’ont pas fait l’objet d’études épidémiologiques.

Bien porter ses EPI

Pour bien protéger sa santé, il faut donc prendre le temps de bien porter ses EPI. Pour se protéger des projections, il fait donc porter des gants aux normes CE, une combinaison étanche de type 3 ou 4, des lunettes et des bottes en caoutchouc nitrile.
Les risques de contamination par les voies respiratoires peuvent être très importants dès l’entrée dans un local phytosanitaire non aéré ou mal ventilé, au moment de l’ouverture d’un bidon, au cours de la préparation ou lors de l’application de ces produits sur les cultures. Pour rappel, les cabines de tracteurs de catégorie 4 (norme EN 15965-1) sont les seules adaptées aux traitements phytopharmaceutiques. Utilisez les filtres contre les substances dangereuses (EN 15695-2). Choisissez le masque qui vous convient et n’oubliez pas de changer la cartouche filtrante à charbon actif (de type A2P3) au minimum deux fois par an.

Pour aller plus loin.


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