Retour sur le colloque régional Ecophyto 2023

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Retrouvez le programme de l’évènement et les documents présentés en suivant ce lien

Comme cela a été rappelé dans les mots d’introduction de Fabrice FAIVRE, Président du COR Agronomie & Filières Végétales à la Chambre régionale d’agriculture, l’accompagnement par le conseil est un enjeu primordial afin d’identifier et transférer au plus grand nombre des leviers agronomiques et des techniques alternatives de protection des cultures.

Cet évènement visait à répondre, comme l’a souligné Christophe BLANC, directeur régional adjoint de la DRAAF BFC, à une demande des conseillers agricoles de la région. Ces derniers souhaitent partager leurs expériences, poursuivre leur démarche d’amélioration continue et de montée en compétences, en améliorant notamment leurs approches sur un sujet particulièrement complexe, afin de répondre aux attentes des agriculteurs engagés dans des démarches agroécologiques, dans un contexte de changement climatique et de demandes sociétales fortes.

« Pour les conseillers c’est presque un changement de métier […] ils doivent s’interroger sur la façon d’accompagner ces collectifs qui s’engagent dans de la production de connaissance, sur des sujets qui sont peu travaillés par les scientifiques » - Floriane DERBEZ, Institut Agro Dijon

La journée s’est déroulée en deux temps : en amphithéâtre le matin, avec la présentation des résultats nationaux des groupes DEPHY, puis l’intervention de trois ingénieures réseaux, afin de présenter les résultats en Bourgogne-Franche-Comté et enfin, la tenue d’une table ronde. Dans l’après-midi, 7ateliers ont été proposés aux participants, qui ont pu se déplacer librement de l’un à l’autre.

Des résultats de baisse au sein du réseau DEPHY

Les résultats nationaux des groupes DEPHY montrent une baisse globale d’IFT 1 de 34%, notamment pour les produits hors herbicides (-48%). Par ailleurs, en 2017, 70% des exploitations des groupes DEPHY présentent un IFT en dessous de la moyenne régionale, contre seulement 50% en 2011.

« C’était une évidence pour moi, qui disait agronomie disait baisse des phytos » - Franck LULLIER, Agriculteur

Au sein du réseau DEPHY, la diminution des marges semi-nettes des exploitations ayant baissé leurs IFT est similaire à celle des autres exploitations du réseau et aux tendances nationales de la ferme France. Cette baisse des marges s’explique par un recul du produit brut, dû à la diversification des assolements, la diminution des rendements et l’évolution des prix de vente.

Dans les exploitations ayant baissé leur IFT, l’impact sur le produit brut de ces facteurs est en partie compensé par la diminution des charges (PPP et intrants).

L’accompagnement à l’échelle du système de culture proposé dans le réseau DEPHY FERME a donc permis une diminution très importante de l’IFT, tout en restant cohérent avec les performances techniques et économiques des autres fermes françaises. Il reste important de poursuivre le travail de valorisation économique des nouvelles productions et pratiques.

Au niveau régional, la baisse des IFT est plus importante qu’à l’échelle nationale, avec un IFT global en baisse de 47%, notamment due à l’IFT hors herbicide (-60%). Le principal défi reste la maîtrise des adventices, avec une baisse de 27% de l’IFT herbicides. Pour le relever, les agriculteurs ont à leur disposition une multitude de leviers, quels que soient leurs modes de productions, agriculture biologique ou conventionnelle (voir Figure).

« Il y a 30 % [de réduction d’IFT] à aller chercher assez facilement en lien avec la surprotection » - Antoine VILLARD, Chambre d’agriculture de la Saône-et-Loire.

Pour démontrer le rôle clef de l’accompagnement dans la dynamique DEPHY, trois ingénieures réseaux des filières grandes cultures, horticulture et viticulture ont présenté leurs méthodes (analyses économiques, agronomiques, techniques d’animation, etc.). Pour poursuivre ce moment riche d’enseignements et de partage d’expériences, un focus de chacune des interventions est disponible sur le site Ecophyto-bfc. Les fiches synthétiques pour chaque filière sont également disponibles ici

« Il faut un caractère désiré du changement, et donc une situation problématique qui génère une nécessité d’aller chercher des solutions » - Floriane DERBEZ, Institut Agro Dijon

Les contextes politique, sociétal, réglementaire et pédoclimatiques rendent les démarches d’accompagnement plus complexes. Afin d’échanger sur ces problématiques, différents acteurs du monde agricole ont été réunis autour d’une table ronde. La complémentarité de leurs visions a permis aux conseillers et animateurs présents de prendre du recul sur leurs pratiques et de contextualiser les enjeux d’accompagnement des collectifs d’agriculteurs.

« Ecophyto ne concerne pas juste les agriculteurs, il doit concerner tout le monde » - Valérie DAHM Journaliste, animatrice de la journée et formatrice

Un réseau riche en enseignements, outils et méthodologies d’accompagnement

Les thématiques des ateliers de l’après-midi avaient été choisies afin de répondre aux demandes des participants. Des échanges concernant les outils d’animation de groupes d’agriculteurs et des approches de conseil individuel et collectif pour la réduction de l’utilisation de PPP ont été proposés (ateliers 1, 2 et 3).

La connaissance des évolutions de la réglementation est nécessaire au travail d’accompagnement. Les conseillers et animateurs ont eu l’occasion d’échanger sur les actualités réglementaires et l’intérêt des contrôles pédagogiques (ateliers 4 et 5).

Enfin, les participants ont pu découvrir divers projets de recherche, menés par Terre Inovia dans l’Yonne (atelier 6) et l’INRAE de Dijon (atelier 7). Certains de ces résultats proviennent des données du réseau Dephy Fermes et de projets Dephy EXPE. Anne BRONNER, Directrice Générale de la Chambre régionale d’agriculture Bourgogne-Franche-Comté, a souligné en conclusion la chance pour la région Bourgogne-Franche-Comté d’accueillir la cellule « Ecophyto » nationale de l’INRAE, et l’importance de renforcer les modalités d’interaction avec la recherche scientifique.

« On peut prendre des risques sur la ferme, contrairement aux agriculteurs, c’est l’avantage de l’expérimentation » - Vincent VACCARI, Alliance BFC

La réussite de ce colloque a reposé, entre autres, sur une concertation en amont des attentes des participants. Il a fait émerger des demandes de nouvelles journées techniques et de temps d’échanges entre conseillers.

En conclusion, Anne BRONNER rappelle que les actions de transfert, dans lesquelles s’inscrit ce colloque, permettent de communiquer positivement sur un sujet aussi sensible que la baisse de l’utilisation des produits phytosanitaires, avec rationalité et en s’appuyant sur une réelle expertise technique et scientifique.